Pretium doloris définition



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❓ FAQ — Prétium Doloris : définition et explications

1. Qu’est-ce que le Prétium Doloris ?
Le prétium doloris désigne l’indemnisation des souffrances endurées par la victime d’un accident ou d’une erreur médicale. Il évalue la douleur physique et psychologique subie jusqu’à la consolidation.
2. Comment est-il évalué ?
Il est évalué par un médecin expert lors d’une expertise médicale, sur une échelle de 1 à 7 (de très léger à très important).
3. Que prend en compte le prétium doloris ?
➡️ La durée et l’intensité des douleurs physiques
➡️ Les traitements médicaux et chirurgicaux subis
➡️ La gêne dans la vie quotidienne
➡️ La souffrance psychologique.
4. Quelle est l’échelle du prétium doloris ?
1/7 = très léger
2/7 = léger
3/7 = modéré
4/7 = moyen
5/7 = assez important
6/7 = important
7/7 = très important.
5. Qui fixe le niveau du prétium doloris ?
C’est le médecin expert qui attribue une note de 1 à 7 après avoir examiné la victime et étudié son dossier médical.
6. Comment se traduit-il en indemnisation financière ?
Le niveau fixé (1/7 à 7/7) correspond à une fourchette de valeurs indemnitaires, qui varient selon les juridictions et la jurisprudence.
7. Le prétium doloris est-il indépendant de l’AIPP/DFP ?
Oui. L’AIPP/DFP indemnise la séquelle définitive, alors que le prétium doloris indemnise les souffrances temporaires avant consolidation.
8. Peut-on contester l’évaluation du prétium doloris ?
Oui, la victime peut demander une contre-expertise médicale si elle estime que la notation attribuée est sous-évaluée.
9. Quelle est la durée prise en compte ?
Le prétium doloris couvre la période entre l’accident et la consolidation médicale, c’est-à-dire la stabilisation de l’état de santé.
10. Pourquoi est-il essentiel dans l’indemnisation ?
Parce qu’il représente une part importante de l’indemnisation globale : il reconnaît la douleur vécue par la victime et compense les souffrances physiques et psychologiques endurées.


Prétium doloris : définition, calcul et conseils pratiques (guide complet)

Le prétium doloris est un terme de droit de la responsabilité civile qui désigne l’indemnisation des souffrances physiques et psychiques endurées par une victime entre le fait dommageable et la consolidation de son état. En pratique contemporaine, on parle de plus en plus, dans le sillage de la nomenclature Dintilhac, de « souffrances endurées ». Les deux expressions renvoient au même poste : il s’agit d’évaluer et de réparer la douleur vécue (corporelle et morale) pendant la phase aiguë et subaiguë, c’est-à-dire avant que l’état ne devienne stable.

1) Définition simple et portée

  • Ce que couvre le prétium doloris : la douleur immédiate liée au traumatisme (fracture, brûlure, plaie), les douleurs postopératoires, les gênes fonctionnelles pendant la rééducation, la pénibilité des soins (pansements, immobilisation, tractions, fixateurs, chimiothérapie ou radiothérapie en cas d’aléa médical), ainsi que la souffrance morale associée (angoisse, détresse, sentiment d’impuissance, troubles du sommeil, sidération, peur de mourir, inquiétude pendant l’hospitalisation, etc.).

  • Ce que le prétium doloris ne couvre pas : les séquelles définitives après consolidation (douleurs chroniques permanentes, handicaps, limitations), qui relèvent du déficit fonctionnel permanent (DFP), autre poste d’indemnisation. Il ne couvre pas non plus, à lui seul, les pertes de revenus, les frais médicaux, le besoin d’aide humaine ou le préjudice esthétique : ces postes sont distincts.

2) Moment d’évaluation : la consolidation comme ligne de partage

La consolidation est la date à laquelle l’état de la victime n’est plus susceptible d’amélioration notable par les traitements. Le prétium doloris s’arrête à cette date. Avant, on parle de déficits fonctionnels temporaires et de souffrances endurées ; après, on bascule vers l’évaluation des atteintes permanentes (DFP) et de leurs retentissements à vie. C’est pourquoi un même dossier comporte souvent deux temps d’analyse : le temporaire (prétium doloris + arrêts de travail + dépenses de santé) puis le permanent.

3) Comment les experts l’évaluent

L’évaluation s’effectue lors d’une expertise médico-légale (amiable ou judiciaire). L’expert se fonde sur :

  1. Les éléments médicaux : comptes rendus d’urgence, d’hospitalisation et d’opération, imagerie (radio, scanner, IRM), prescriptions, protocole analgésique, durée d’alitement, passages en soins intensifs, rééducation, complications (infection, algodystrophie, névralgie, douleurs neuropathiques).

  2. L’intensité et la durée des souffrances : douleur initiale (échelle EVA, EN), douleur postopératoire, douleurs de rééducation, épisodes douloureux récurrents, nombre d’actes invasifs, pénibilité des soins et de l’immobilisation.

  3. La dimension psychique : stress aigu, attaques de panique, cauchemars, hypervigilance, dépression réactionnelle, anxiété d’anticipation, retentissement sur le sommeil, la vie sociale et familiale.

  4. Les conditions réelles de vie pendant la période : hospitalisations répétées, isolement, impossibilité de s’occuper des enfants, interruption des loisirs, perte d’autonomie temporaire.

Au terme de cette analyse, l’expert attribue un niveau sur une échelle qualitative (par exemple 0/7 à 7/7, ou léger / modéré / moyen / assez important / important / très important / exceptionnellement important). Cette graduation n’est pas une « note scolaire » : c’est un repère destiné à traduire l’intensité globale des souffrances en fonction de leur durée et de leur lourdeur.

4) De la graduation au montant : la logique indemnitaire

Il n’existe pas un barème national obligatoire fixant une somme automatique pour chaque niveau. La jurisprudence de la cour d’appel territorialement compétente, la pratique des assureurs et la personnalisation du cas guident le montant. Deux principes dominent :

  • Individualisation : à gravité égale sur le papier, deux parcours peuvent conduire à des montants différents si l’un a connu des soins plus lourds, des complications, une hospitalisation plus longue, une douleur résistante aux antalgiques, une souffrance morale majeure, etc.

  • Cohérence d’ensemble : le quantum du prétium doloris doit rester cohérent avec les autres postes (DFT, dépenses de santé, DFP, aide humaine). Une douleur très importante pendant plusieurs mois se reflète aussi souvent dans un DFT élevé (incapacité temporaire).

5) Prétium doloris vs DFP : bien distinguer

  • Prétium doloris (souffrances endurées) : temporaire, centré sur ce qui a été vécu avant la consolidation.

  • DFP (déficit fonctionnel permanent) : permanent, mesure la perte définitive de qualité de vie, y compris la douleur chronique qui persiste après consolidation.

Cette distinction évite les doublons (par exemple chiffrer deux fois la même douleur chronique). On raconte une histoire temporelle : ce que vous avez subi (prétium doloris) → ce qui reste à vie (DFP).

6) Comment prouver et documenter ses souffrances

La qualité de la preuve pèse fortement dans l’évaluation. Bonnes pratiques :

  • Journal de bord (dates, intensité de la douleur, effets secondaires, nuits écourtées, impossibilités quotidiennes).

  • Échelles de douleur : conservez les traces de notations (EVA/EN) faites à l’hôpital ou en consultation.

  • Ordonnances et modifications thérapeutiques : évolution des antalgiques (palier I → II → III), adjonction d’anti-neuropathiques, infiltrations, blocs, sédations, actes douloureux répétés.

  • Hospitalisations et transports : durées, complications, passages au bloc, transfusions, soins intensifs.

  • Attestations de proches et d’employeur décrivant la pénibilité, la fatigue, l’abattement, la perte d’autonomie temporaire.

  • Suivi psychologique/psychiatrique le cas échéant (diagnostics, prescriptions, séances).

Plus le récit est continu, concret et corroboré par des éléments médicaux, plus l’expertise peut objectiver la souffrance.

7) Exemples concrets (illustratifs)

  • Fracture tibia-péroné avec clouage + complication infectieuse : douleur initiale très forte, deux interventions, antibiothérapie IV, pansements douloureux, immobilisation prolongée, rééducation difficile. Graduation possible : important à très important selon la durée totale (plusieurs mois).

  • Brûlures du 2e-3e degré sur 8 % de surface : soins quotidiens, greffes cutanées, pansements itératifs, douleurs majorées à la mobilisation, rééducation, impact psychique. Graduation : très important, parfois exceptionnel si soins extrêmement longs et pénibles.

  • Traumatisme crânien léger sans séquelle : céphalées, nausées, photophobie, anxiété pendant quelques semaines. Graduation : léger à modéré selon la durée.

Ces exemples montrent que l’intensité doit toujours être mise en perspective de la durée et de la lourdeur des soins.

8) Erreurs fréquentes à éviter

  1. Confondre douleur temporaire et douleur permanente : la première est indemnisée via le prétium doloris, la seconde via le DFP.

  2. Se contenter d’affirmations générales (« j’ai beaucoup souffert ») sans preuves : journal, ordonnances, comptes rendus, échelles chiffrées, attestations.

  3. Omettre la composante psychique : l’angoisse et la détresse font partie du poste si elles sont liées au traumatisme et documentées.

  4. Sous-estimer la pénibilité des soins (pansements, mobilisations, examens invasifs) : ce sont des souffrances endurées à part entière.

  5. Ignorer la cohérence avec les autres postes : un prétium doloris « très important » a, en général, un corollaire en DFT, dépenses de santé et arrêts prolongés.

9) Conseils pratiques pour maximiser vos droits

  • Préparez l’expertise : listez les épisodes marquants (douleur maximale, interventions, nuits blanches, effets secondaires, crises d’angoisse). Apportez un classement chronologique des pièces.

  • Faites-vous accompagner par un médecin conseil de victimes ; il sait traduire votre vécu en items médico-légaux.

  • Soyez précis : durée d’alitement, kilomètres de transports sanitaires, nombre de séances de kiné, d’actes invasifs, d’hospitalisations, types d’antalgiques et leurs effets.

  • Expliquez l’impact quotidien : se laver, s’habiller, cuisiner, porter des charges, s’occuper des enfants, conduire, dormir.

  • Ne dramatisez pas, ne minimisez pas : la crédibilité vient de la précision et de la constance.

10) FAQ rapide

Le prétium doloris est-il plafonné ?
Non, pas de plafond légal. Le montant dépend de la jurisprudence locale, de la graduation retenue et de la personnalisation du dossier.

Une légère douleur sur une longue période vaut-elle plus qu’une douleur très intense mais courte ?
On apprécie globalement : intensité et durée. Un épisode bref mais extrême peut justifier un niveau élevé ; une douleur modérée mais persistante sur plusieurs mois peut, elle aussi, conduire à une appréciation notable.

Et si mon état se dégrade avant la consolidation ?
Le prétium doloris évolue avec les événements (complications, ré-interventions). Il sera figé à la date de consolidation retenue par l’expert.


À retenir

  • Le prétium doloris (souffrances endurées) indemnise toute la douleur physique et morale vécue avant la consolidation : traumatisme initial, soins, hospitalisations, rééducation, complications et retentissement psychique.

  • L’évaluation est qualitative et individualisée, appuyée sur le dossier médical et le récit circonstancié de la victime.

  • Il s’articule avec les autres postes (DFT, DFP, frais, pertes de gains) pour obtenir une réparation cohérente et complète.

En structurant vos preuves, en documentant précisément votre parcours et, si possible, en vous faisant assister à l’expertise, vous maximisez la chance d’obtenir une indemnisation fidèle à la réalité de vos souffrances.